Créé en 1481, sous le sultan Bajazet II, l’actuel Lycée de Galatasaray s’est voulu d’abord une école du Palais (Saray en turc) pour former les futurs cadres civils et militaires de l’Empire, par opposition aux cadres religieux qui se formaient dans des écoles coraniques. Il a pris le nom de Galata Sarayi Enderunu (l’Ecole du Palais de Galata, ancien quartier génois de Péra, aujourd’hui Beyoglu). La majorité des diplômés s’orientaient vers des carrières militaires et les plus doués entraient à l’Ecole d’enseignement supérieur du Palais de Topkapi. Les élèves étaient tous internes et devaient s’adapter à un régime très sévère et à une discipline stricte. L’enseignement se caractérisait déjà par la large place accordée aux sciences, aux arts et aux langues par rapport à celui plus restreint des écoles religieuses. De nombreux vizirs (ministres), grands vizirs (premier ministres), généraux d’armée, préfets de régions et autres hauts fonctionnaires de l’Empire ont été formés à cette école. L’école a été reconstruite complètement en 1838, après un incendie qui a ravagé l’ancien bâtiment, et a été transformée en faculté de médecine (Tibbiye-i Adliye-i Sahane). Les premières sages-femmes turques sont notamment sorties de cette école. Invité par Napoléon III en France en 1867 à visiter l’exposition universelle, le sultan Abdülaziz, qui entreprenait un ambitieux programme de réformes, fut vivement impressionné par les grands lycées parisiens, leurs structures et la qualité de leur enseignement. Dès son retour, il prit la décision de restructurer l’école du Palais de Galata avec la collaboration du ministre français de l’Instruction publique de l’époque, Victor Duruy. Ainsi fut crée, en 1868, le Lycée impérial ottoman (Mekteb-i Sultani) de Galatasaray. Toutes les matières scientifiques sont dispensées en langue françaises par des professeurs français, et les autres matières en langue turque par des professeurs turcs. Le 14 avril 1992, la France et la Turquie ont signé un accord qui fonda le nouvel Etablissement d’enseignement intégré de Galatasaray, de l’école primaire à l’université. Avec le soutien d’un consortium de sept établissements français d’enseignement supérieur, l’Université de Galatasaray a ouvert ses portes deux années plus tard, le 12 octobre 1994. Comme l’a noté la presse française ce jour-là, «Galatasaray c’est un peu la France sur les rives du Bosphore»